« Pas assez pour faire une femme » de Jeanne Benameur

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Judith, 17 ans, dans les années 1970, quitte le foyer familial ou elle ne se sent pas à l’aise pour entamer des études universitaires. Elle y rencontre l’amour et participe activement aux grèves des étudiants revendiquant pour de meilleures conditions d’études. Ce roman court magnifiquement écrit, tout en pudeur, en finesse, avec les mots justes qu’il faut pour évoquer l’état d’esprit de la jeune fille qui découvre et s’ouvre à une vie nouvelle évoque une époque et une émancipation féminine salvatrice.

« La disparition du paysage » de Jean-PhilippeToussaint.

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A Ostende, un homme se retrouve dans un fauteuil roulant dans une chambre avec vue sur la mer en ayant perdu le souvenir de l’accident qui le place dans cette situation inédite et inconfortable. Il évoque quelques bribes de son passé professionnel, son amnésie n’est donc pas totale, et il bénéficie des soins d’une infirmière et de la visite furtive de sa femme Madeleine. Son présent se résumant à l’observation de la plage est bientôt occulté par la surélévation du casino jouxtant sa fenêtre. Son paysage disparaît en même temps que les quelques visites dont il bénéficiait. Ce texte court très bien écrit est évocateur d’un enfermement qui s’installe.

 

« Dans le jardin de l’ogre de Leila Sleimani »

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Adèle, est mariée à Richard, chirurgien passionné par son métier et mère d’un petit Lucien âgé de trois ans. Sa nymphomanie pathologique la contraint à des contorsions difficiles pour cacher cette réalité à son mari qui aspire à quitter Paris pour exercer en province et acquérir une grande maison calme abritant une vie de famille agréable. L’écriture précise, crue et brillante de l’auteure rend bien compte du cheminement psychologique, de la douleur et de la difficulté à vivre cette sexualité débridée, addictive dont on perçoit bien qu’elle constitue un vrai mal de vivre. Ce premier roman contient déjà tout le potentiel littéraire qui ne tardera pas à être récompensé par le Goncourt pour « Chanson Douce », son deuxième roman !

 

« Borgo Vecchio » de Giosué Calaciura.

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Lu dans le cadre du prix des libraires Folio Télérama 2021.
Un roman très fort dans ses évocations d’une vie dure et immuable dans un quartier pauvre de Palerme, le borgo Vecchio. Violence et beauté se côtoient au fil des pages, les personnages ont un destin écrit d’avance auquel ils semblent ne pas pouvoir échapper, le père ivrogne qui frappe inlassablement son fils Cristofaro tous les soirs, la prostituée Carmella qui écarte sa fille Céleste sur le balcon quand elle officie, le voleur toto qui se forge une réputation usurpée….
Une narration sous forme de conte avec des passages admirables de poésie, comme la description de l’odeur de pain qui se répand dans le village et une présence mafieuse sous-jacente. Un ensemble sombre, mais qui ne laisse pas le lecteur indifférent.

 

« Le parfum des fleurs la nuit » de Leila Sleimani

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Comme d’autres auteurs avant elle, Leila Slimani s’est prêtée au jeu d’une nuit passée au musée, à Venise à la pointe de la douane qui abrite une collection d’art de François Pinault. Plus qu’une visite et des commentaires assidus des oeuvres, c’est une occasion d’introspection qui nous dévoile la personnalité de l’auteure, ses origines, ses aspirations, ses désirs, et son goût immodéré pour la littérature et l’écriture. Un texte riche et précieux qui permet de comprendre en profondeur le parcours d’une féministe attachante.

« Profanes » de Jeanne Benameur

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Octave, ancien chirurgien nonagénaire vit seul dans un grande maison avec ses souvenirs. Sa fille Claire est morte dans un accident de voiture et sa femme Anna l’a quitté pour retourner vivre dans son Canada natal. Il décide d’embaucher quatre personnes à divers moments de la journée pour s’occuper de lui, de sa maison et de son jardin fleuri. Marc, Hélène, Yolande et Béatrice ont un accès libre à la propriété et chacun une chambre qu’ils peuvent occuper à leur guise. Ils se succèdent et se croisent pour assurer une présence continue auprès du vieil homme et une routine qui nous fait progressivement connaître la vie et le passé de chacun s’installe. Les personnages dévoilent leurs fêlures et les soignent ensemble grâce à l’alchimie et les liens humains distillés par l’écriture remarquable de l’auteure. Poésie, émotion, intensité des mots et des phrases sont au rendez-vous, comme souvent dans les ouvrages de Jeanne Benameur.

« Enseigner à vivre » d’Edgar Morin.

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Dans ce manifeste pour changer l’éducation, Edgar Morin analyse de façon claire les défauts du système éducatif qui ne parvient pas à fournir les éléments nécessaires à une meilleure compréhension intellectuelle et humaine entre les individus. L’élève doit apprendre à apprendre pour vivre en société, les enseignements sont enchâssés dans des catégories isolantes, alors que les enfants ont des aptitudes naturelles à sentir les liens et les solidarités leur permettant de les situer dans leur environnement. L’ensemble des réflexions de l’auteur sont parfaitement justes et compréhensibles par tous, alors, enseignants, élèves, parents d’élèves, concepteurs de programme de l’éducation nationale inspirez vous en pour améliorer notre bien vivre ensemble !

« Le sang ne suffit pas » d’AlexTaylor.

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1748, des colons d’horizons divers s’installent en Amérique, les populations autochtones résistent comme elles peuvent et les relations conflictuelles sont fréquentes. Dans cet univers de pionniers, l’auteur nous livre un western impitoyable où les humains, en plus de leurs problèmes de cohabitation sont en permanence confrontés à une nature et un monde animal sauvages avec lesquels ils doivent composer pour survivre. Une ambiance angoissante provoquée par un scénario simple mais diabolique où évoluent des personnages aux particularités bien tranchées, brutaux et immoraux à souhait accompagne le lecteur du début à la fin. Reathel et Della, les moins frappés d’anomalies pathologiques sont ballottés violemment, leur résilience, mise à rude épreuve parviendra t’elle à les sauver ?

« Géopolitique du moustique » d’Eric Orsenna et Isabelle Saint-Aubin.

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Les tribulations facétieuses d’un académicien curieux et gourmand de connaissance scientifique le conduise cette fois, sur les traces de l’insecte le plus meurtrier pour l’homme, le moustique. Il tue environ 750 000 personnes par an en propageant le palludisme, la dengue, le zika, la fièvre jaune ……. A la rencontre des spécialistes mondiaux dans les régions infestées, les auteurs nous dévoilent pédagogiquement et avec humour tout ce qui est connu sur les relations moustiques hommes, pourquoi ? Comment ? Quelles solutions sont mises en oeuvre pour amoindrir ce fléau, y compris les plus récentes avec les « ciseaux génétiques ». de façon plus générale, il évoque également les relations de l’homme avec les autres espèces et l’importance d’un équilibre harmonieux de la bio-diversité pour éviter l’émergence soudaine de maux nouveaux issus du franchissement des espèces dont la pandémie actuelle est l’illustration la plus convaincante.

« Brèves de solitudes » de Sylvie Germain

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Quittant, sans doute provisoirement le monde imaginaire et fantastique des contes auxquels nous a habitués l’auteure, elle nous livre ici un coup d’oeil pertinent sur l’actualité « coronavirusarienne » qui nous touche, en bousculant notre humanité faite de liens sociaux de rencontres et d’échanges. Dans un square, lieu de rencontres pluri-gérénationnelle un certain nombre d’individus se rencontrent, se regardent, s’observent et on les suit dans leur vie intime impactée par une solitude exacerbée par le confinement. Avec une grande acuité et son talent littéraire habituel, Sylvie Germain parvient à nous émouvoir sur des destins particuliers dans lesquels chacun d’entre nous(peu ou prou) pourra s’identifier.

« Paris,Mille vies » de Laurent Gaudé.

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Un petit livre avec un grand talent littéraire et poétique que le lecteur déguste avec gourmandise. Paris la nuit, agitation minimum propice au rêve et à la déambulation d’un promeneur solitaire qui, au gré des lieux qu’il arpente, se souvient de faits historiques, de personnages, toutes époques confondues qui l’ont précédé et ont laissé leur empreinte. de François Villon à Victor Hugo et Arthur Rimbaud en passant par la commune, Artaud et la libération de Paris, l’auteur par quelques évocations fugaces mais très bien senties réinvestit les lieux qu’il parcoure de scènes du passé. Superbe évocation de la mémoire d’une ville qui se termine par : “C’est à cause que tout doit finir que tout est si beau.”

« Le temps où nous chantions » de Richard Powers.

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Ce pavé de plus de mille pages est d’abord une ode formidable à la musique, à l’art lyrique en particulier, mais aussi à d’autres formes plus populaires illustrées par l’histoire d’une famille américaine entre 1935 et 1990. Delia Dailey, femme noire rencontre David Strom, homme allemand blanc et juif ayant fuit le nazisme à un concert de la cantatrice noire Mariam Anderson en 1939. Bravant les interdits raciaux, ils se marient et ont trois enfants, Jonah, Joseph et Ruth qu’ils élèvent dans l’amour de la musique avec une éducation à la maison. Rapidement, les « jojo » révèlent d’énormes prédispositions au chant pour Jonah et au piano pour Joseph qu’ils vont enrichir dans des écoles spécialisées et exercer professionnellement ensemble. La narration explore largement les problèmes raciaux et la recherche d’une identité qui fracture la famille, et développe avec une grande sensibilité et une grande délicatesse une musicologie érudite. David, physicien de très haut niveau ajoute une touche de savant fou avec des considérations sur le temps, les infinis, grand et petit…L’auteur nous offre un grand livre passionnant, mais peut-être un peu long !

 

 

 

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