« Les Monstres de Maud Mayeras: »

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Un roman angoissant très bien construit et qui nous offre une belle analyse du conditionnement possible de l’être humain qui semble être quasi sans limite ! Séquestration, viol, emprise sur des êtres placés dans des conditions extrêmes de survie, mais aussi fraternité, amour présents malgré tout. Les différents épisodes sont parfois séparés par des contes métaphoriques qui semblent constituer la matière des lectures faites par la maman à ses enfants pour les endormir. Une narration efficace qui remue aux tripes et qui aborde, mine de rien des thèmes sociétaux de façon très profonde.

 

« La laveuse de mort » de Sara Omar: »

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Deux périodes et deux lieux encadrent la narration : de 1986 à 1991 dans un village du Kurdistan et 2016 dans un hôpital au Danemark. Frmesk naît en 1986 d’un père soldat Kurde,Anwar et de Rubar, fille de Gawhar, la laveuse de mort. L’accouchement difficile dans un environnement pauvre en hygiène et en participation masculine donne le ton sur l’avenir réservé à un nouveau né de sexe féminin. Allah et l’interprétation des préceptes de son prophète asservissant le femme au bon plaisir de l’homme sont déclinés de façon impitoyable et parfois difficile à supporter. La violence latente à l’encontre de la gent féminine est endurée de façon très digne et humaine par les victimes, et Gawhar, la grand-mère de Frmesk en est le plus bel exemple. le grand-père, Darwesh, zoroastrien n’a d’autre choix que masquer ses convictions pour la survie de sa famille, mais se rebelle parfois dès qu’il en a l’occasion. le récit nous fait accompagner Frmesk au Kurdistan jusqu’à l’âge de cinq ans, et ce qui lui arrivera ensuite est suggéré lorsqu’on la retrouve à 30 ans au Danemark, ayant miraculeusement survécu. L’éducation fournie par un grand-père cultivé, sa capacité à écrire et témoigner auront peut-être sauvé Frmesk !

« Dieu est un pote à moi » de Cyril Massaroto: 
Petit roman d’une grande originalité qui voit Dieu s’immiscer dans la vie du narrateur en le coachant et en lui expliquant qu’il n’intervient pas sur son libre arbitre. Beaucoup d’humour et d’amour irriguent cette narration savoureuse qui nous offre une vision tout à fait personnelle de Dieu, observateur privilégié de l’humanité sans en être le créateur, mais qui se réserve un pouvoir redoutable à son endroit avec une question mystérieuse qui sera posée à chacun au moment de son trépas.
« Entre deux mondes » de Olivier Norek: »
Il y a des romans où la fiction bien documentée évoque, renseigne et interroge de façon beaucoup plus forte sur la réalité que d’autres formes d’informations et ce livre en est un excellent exemple ! Cet enchaînement d’évènements, magistralement incarnés, la dictature syrienne, les drames migratoires, l’entre deux mondes de la jungle de Calais, le malaise des policiers chargés de tâches ingrates et déstabilisantes, les enfants soldats, les espoirs brisés, le « youké » inaccessible confère une grande puissance à la narration. Dans cet enfer, il y a quelques îlots d’humanité et de solidarité qui donnent un peu d’espoir. Olivier Norek nous offre un remarquable reportage ou polar ? Les deux, pour le plus grand bénéfice du lecteur.
« J’irai tuer pour vous » de Henri Loevenbruck: » 
Formidable roman Historico-Politico policier pour lequel l’auteur s’est très bien documenté pour nous fait revivre à sa manière des attentats douloureux des années 1985-1986. Une construction narrative parfaitement maîtrisée, des personnages réels redécouverts mêlés à des personnages de fiction, des relations tendues entre les services de l’état (DST et DGSE), de malheureux otages au Liban victimes d’enjeux politiques, un agent recruté en marge du système pour accomplir des tâches qui ne doivent pas être officielles, un maelström de situations qui rendent la lecture de ce livre passionnante. On appréciera également des clins d’oeil pleins d’humour entre des hommes politiques connus, et en particulier le tandem Pandraud Pasqua dont on entend les réflexions en les lisant ! Il y a beaucoup de talent et sans doute aussi beaucoup de travail dans la plume d’Henri Loevenbruck.
« La conjuration des imbéciles » de John Kennedy Toole: 
Superbe découverte que ce roman bourré d’humour avec des personnages qui font tout à l’envers pour notre plus grand plaisir de lecteur. Ignatius Reilly, sorte de Tanguy fainéant et glouton qui, ayant fait de bonnes études supérieures tient des discours au langage élaboré en contradiction absolue avec son comportement, Myrna, sa copine de fac, anarchiste fantaisiste, Mancuso le policier haut en couleur, et toute une galerie de protagonistes déjantés peuplent cette histoire drôlissime. L’auteur invente une société américaine en complète opposition avec ce qu’elle est ou voudrait être et cette vision décalée, en opposition de phase permanente avec la réalité, crée un espace imaginaire inventif, savoureux et réjouissant.
« Nous rêvions juste de liberté » de Henri Loevenbruck:  https://www.babelio.com/livres/Loevenbruck-Nous-revions-juste-de-liberte/695248
Superbe road movie initiatique, exaltant l’amitié, la solidarité, l’aventure d’adolescents en quête de repères sociaux de rêves et d’autonomie. La bande à Freddy, puis à Hugo (Bohem) déambule au gré du hasard sur les routes d’un pays immense qu’on suppose être Les USA, mais, le lieu n’a que peu d’importance et la destination(Vernon) n’est qu’un prétexte. Fresque vivante, humaine, parfaitement maîtrisée par l’écriture brillante de l’auteur qui restitue parfaitement les ambiances accompagnant les nombreuses péripéties du voyage. le lecteur parvient facilement à s’immiscer parmi ces« Bikers » en les accompagnant sur ces espaces qui semblent n’avoir pas de fin.
« Otages intimes » de Jeanne Bennameur: 
J’avais lu « Ceux qui Partent » que j’avais beaucoup aimé, et j’ai apprécié la personnalité attachante de cette auteure lors de son interview dans « un endroit où aller », cela a suffit pour que je lise autre chose d’elle et « otages intimes » a confirmé mon impression de ses grandes qualités littéraires. Etienne, photographe de guerre vient d’être libéré après avoir été otage, son traumatisme est palpable et son retour parmi les siens, les gens qu’il a aimé depuis son enfance est l’occasion de réflexions diverses et variées sur le sens de la vie, sur les souvenirs d’enfance, sur l’amour et l’amitié parfaitement décrites par la plume sensible de l’auteure. Une grande poésie accentuée par l’évocation récurrente de l’instant fugace saisi par le regard d’Etienne tourné vers cette femme, ses enfants, et cet homme blessé au fond d‘une voiture cherchant à fuir les combats, avant qu’il ne soit lui même capturé anime ces lignes poignantes de délicatesse.
« Les larmes noires » de Sandrine Collette: 
« Un roman noir » de Sandrine Collette est presque un pléonasme, quand on en a lu quelques autres ! Celui-ci n’échappe pas à la règle, et comme toujours, on est séduit par la force évocatrice de son écriture incarnée par des personnages saisissants de réalisme. Moe, jeune tahitienne de 26 ans décide de venir rejoindre Rodolphe en France, pensant y trouver quelques morceaux du mythe de la métropole vus d’une île située à 15000 kms. La douche est froide, et le robinet d’eau chaude reste irrémédiablement inaccessible ! Être un femme jeune et sans ressources avec un bébé dans les bras n’est pas facile et peut conduire à « la casse », un lieu d’hébergement précaire où règne une loi de la jungle impitoyable, en particulier pour les femmes. Une éclaircie d’humanité apparaît sous la forme d’une sororité qui s’établit entre quelques femmes toutes cabossées avant d’arriver là. Sombres relations hommes femmes, sombre société brutale et inhumaine qui condamnent à vivre.

 

 

 

 

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